BSA 750 Rocket 3 1972

L’histoire de la BSA Rocket 3 est étroitement liée à la tentative désespérée de l’industrie motocycliste britannique de répondre à l’arrivée des motos japonaises révolutionnaires, notamment la Honda CB750, qui a bouleversé le marché à la fin des années 1960.

Contexte de développement

Dans les années 1960, le marché des motos sportives était dominé par des modèles britanniques comme les Triumph Bonneville et Norton Commando. Cependant, l’essor des marques japonaises, avec leur technologie avancée et leur fiabilité accrue, a forcé les fabricants britanniques à innover rapidement.

BSA et Triumph (alors sous le même groupe industriel, BSA-Triumph) ont décidé de développer une moto qui marquerait un tournant technologique pour concurrencer les quatre cylindres japonais. Cette moto devait être puissante, rapide et moderne tout en conservant les caractéristiques classiques britanniques.

Développement de la Rocket 3

• Le projet de la Rocket 3 a débuté en 1965 sous le nom de code « P39 ».
• La Rocket 3 et sa jumelle, la Triumph Trident T150, partageaient le même moteur trois cylindres de 740 cm³, conçu par Bert Hopwood et Doug Hele.
• Les deux motos étaient techniquement similaires, mais différaient dans leur conception esthétique :

La Rocket 3 a été commercialisée en 1969, presque simultanément avec la Honda CB750, mais son développement avait pris du retard, ce qui a nui à son lancement.

Lancement et réception

La Rocket 3 était une machine impressionnante pour son époque, avec une vitesse de pointe d’environ 190 km/h et une accélération rapide. Son moteur trois cylindres produisait une puissance lisse et un son distinctif. Cependant, plusieurs facteurs ont limité son succès :

• Concurrence japonaise : La Honda CB750 offrait une technologie plus avancée, notamment un moteur quatre cylindres, un démarreur électrique et des freins à disque, tout en étant moins chère et plus fiable.
• Design daté : Malgré ses performances, le design de la Rocket 3 semblait vieillot comparé aux lignes modernes des motos japonaises.
• Prix élevé : La Rocket 3 était plus chère que ses concurrentes, ce qui a découragé de nombreux acheteurs.
• Arrivée tardive : Son lancement a été perçu comme une réaction retardée aux avancées japonaises, ce qui lui a donné une image défensive plutôt qu’innovante.

La Rocket 3 a cependant connu un certain succès en compétition :

• En 1971, elle a brillé dans la course emblématique des 200 Miles de Daytona grâce à des pilotes comme Dick Mann, qui a remporté l’épreuve sur une version modifiée de la Rocket 3.
• Ces victoires ont renforcé la réputation de la Rocket 3 comme une machine performante, mais cela n’a pas suffi à relancer ses ventes.

La production de la Rocket 3 a pris fin en 1972, après seulement quelques années. Les difficultés financières de BSA et la domination croissante des fabricants japonais ont conduit à l’effondrement de la marque. Triumph a poursuivi la production de la Trident jusqu’en 1975, mais le groupe BSA-Triumph n’a jamais retrouvé sa gloire passée.